Découvrir les civilisations asiatiques grâce au Musée Guimet

Dans ce contexte où les musées, et les lieux culturels en général, sont fermés au public, j’avais envie de revenir sur un musée que j’aime vraiment beaucoup : le musée Guimet ou plus précisément le musée national des arts asiatiques-Guimet.

Non seulement j’aime énormément ce musée qui propose des collections permanentes et expositions de très grande qualité, mais j’ai aussi beaucoup d’admiration pour son fondateur Émile Guimet (1836-1918). Je m’intéresse aux voyageurs français du XIXe siècle qui se sont rendus au Japon alors que le pays était fermé aux étrangers depuis des décennies et Émile Guimet est l’un des plus passionnants.

Si vous ne connaissez pas très bien l’histoire de ce grand monsieur ou du musée Guimet, je vous invite à lire la suite de cet article.

Peinture d’Émile Guimet par le peintre Ferdinand Jean Luigini, Musée des confluences (Wikipedia)

Qui est Émile Guimet ?

Né en 1836 à Lyon, Émile Guimet est un industriel français qui possède de nombreuses casquettes, dont celle de grand collectionneur d’objets d’art. Son père est connu pour avoir inventé le « bleu outremer » artificiel, appelé aussi bleu Guimet, couleur qu’il produit dans son usine. Sa mère était quant à elle peintre et musicienne, c’est sans doute de sa mère qu’Émile Guimet tient son goût prononcé pour l’art (théâtre, poésie, musique…). À la mort de son père, il reprend l’entreprise familiale.

Parallèlement à ses activités liées à l’industrie, Émile Guimet va beaucoup voyager. Il va notamment se rendre en Espagne, Égypte, Turquie, Grèce, Algérie ou encore en Tunisie… Sa visite en Égypte en 1865-1866 va lui permettre de découvrir l’histoire et les croyances de la civilisation égyptienne, il va également commencer une collection d’objets d’art après sa visite au musée de Boulaq. De son voyage en Égypte, il va ramener de nombreux objets (stèles, sarcophages…) mais surtout l’envie d’en savoir plus sur la civilisation égyptienne et de découvrir d’autres civilisations, comme celles d’Asie afin de les comparer.

Sa rencontre avec le Japon

C’est dans cette optique de découvrir de nouvelles civilisations et d’étudier les religions d’Asie, qu’il va entamer un voyage en Asie, et plus précisément au Japon, en Chine et en Inde, entre 1876 et 1877. Pour ce voyage, il sera accompagné de Félix Régamey, un peintre-dessinateur français de talent. Leur visite au Japon les marquera énormément.

Pendant leur séjour au Japon ils visitent Yokohama, Tokyo, Nikkô, Kyôto, Ôsaka ou encore Kôbe, mais ils vont aussi faire de nombreuses rencontres, dont celles de moines bouddhistes et de prêtres shintô. Si les récits de voyage vous intéressent, sachez qu’Émile Guimet en a publié un de leur séjour au Japon : Les Promenades japonaises, avec les jolies illustrations de Félix Régamey. Il est possible de consulter cet ouvrage, et de nombreux autres récits de voyage, sur le site Gallica-BNF qui est une vraie mine d’or.

Alors que le bouddhisme et le shintoïsme coexistaient en harmonie depuis des siècles, l’ère Meiji marque la séparation des deux religions (shinbutsu bunri 神仏分離). Le shintô deviendra par la suite religion d’État, au détriment du bouddhisme qui souffrira beaucoup pendant cette période. De nombreux objets en rapport avec le bouddhisme sont soit vendus aux étrangers soit détruits, c’est ainsi que les Occidentaux en visite au Japon vont pouvoir se procurer bon nombre d’objets liés au bouddhisme. Émile Guimet va ramener de son voyage au Japon de nombreux objets, parmi eux environ 300 peintures religieuses, 600 statues de divinités, mais aussi des céramiques, des livres…

Émile Guimet décide d’exposer dans un premier temps les objets ramenés d’Asie au Palais du Trocadéro lors de l’exposition universelle de Paris de 1878. Les objets exposés suscitent un fort enthousiasme, ce qui le conforte dans son idée d’ouvrir un musée.

 

L’ouverture du musée Guimet

Émile Guimet ouvre d’abord en 1879 son musée Guimet dans sa ville de naissance, Lyon. Comme l’accueil n’est pas à la hauteur de ses espérances il décide de le transférer dans la capitale. Le musée de Lyon deviendra quelques années plus tard un musée d’histoire naturelle (Musée des confluences de nos jours) et par la suite quelques œuvres du musée Guimet de Paris viendront rejoindre la collection du musée d’histoire naturelle.

C’est donc en 1888 que le musée Guimet voit le jour à Paris où il rencontre un franc succès. Émile Guimet a pour volonté de faire de son musée un « laboratoire d’idées« , il ne veut pas que ce soit un simple lieu de contemplation, mais au contraire un lieu de recherche et de réflexion sur les religions et civilisations. Il finance de nombreux projets de publications, mais aussi de recherches, il est également à l’origine de revues comme la Revue de l’Histoire des Religions… Émile Guimet a vraiment joué un rôle crucial dans la création des études orientales !

Le musée dispose d’une bibliothèque de plus de 100.000 ouvrages, située dans la rotonde du musée (photos ci-dessus). Certaines expositions temporaires ont lieu dans la rotonde, ce qui permet d’admirer certains de ces ouvrages… c’est un endroit magnifique qui donne tellement envie de lire tous les livres qu’il contient. C’est aussi un lieu chargé d’histoire, puisque Émile Guimet y organisait des cérémonies bouddhiques.

Les collections du musée Guimet

Au fil des années, de nombreuses donations sont venues rejoindre celles d’Émile Guimet pour proposer aux visiteurs un panorama assez impressionnant des différentes civilisations d’Asie. Il est possible d’admirer des collections venant d’Afghanistan et du Pakistan, d’Himalaya, d’Asie du Sud-est, d’Asie Centrale, de Chine, de Corée, d’Inde et du Japon.

Ce sont des pays tellement différents et qui possèdent une culture tellement riche, c’est vraiment passionnant d’avoir un aperçu de ces civilisations toutes réunies au même endroit. Ce que j’aime beaucoup dans les collections du musée Guimet c’est la diversité du contenu, on trouve des peintures, des sculptures, des estampes, des céramiques, du textile ou encore des objets du quotidien provenant de différentes époques, chacun y trouvera son bonheur.

Lorsqu’on entre dans le musée Guimet on tombe directement sur les collections d’Asie du Sud-est avec leurs magnifiques statues de l’Empire khmer (photos ci-dessus). Pour ne pas trop vous gâcher le plaisir de la découverte, je ne partage pas trop de photos des autres collections, toutes les œuvres du musée méritent d’être admirées en vrai.

Les expositions temporaires du musée Guimet

En dehors des collections permanentes, qui permettent déjà d’appréhender toutes ces différentes civilisations, le musée organise très régulièrement des expositions temporaires de très grande qualité.

J’aime beaucoup les expositions temporaires du musée Guimet, elles sont très variées et permettent d’en apprendre davantage sur une époque ou sur l’histoire d’un lieu ou personnage mythique d’un pays. Par exemple, j’ai beaucoup aimé l’exposition « Bouddha, la légende dorée » car elle permettait d’en apprendre plus sur la vie de Bouddha de manière originale, en réunissant différentes représentations de Bouddha provenant de différents pays d’Asie.

Certaines œuvres rassemblées pour les expositions temporaires sont vraiment très rares, il s’agit souvent de la seule et unique opportunité de les voir en vrai. Par exemple, pendant l’exposition « Nara-Trésors du Bouddhisme Japonais » il était possible d’admirer une statue de Jizô Bosatsu provenant du temple Kôfuku-ji, normalement elle est conservée dans une salle fermée au public donc même en se rendant sur place, on ne peut pas la voir.

Le musée Guimet met aussi à l’honneur des artistes contemporains, par exemple la sculpture ci-dessus est une œuvre du céramiste japonais du nom de Takahiro Kondo, récemment acquise par le musée. Elle était présente lors de l’exposition dédiée à Bouddha, car cette œuvre est une métaphore de l’ascèse, je la trouve vraiment magnifique. Le musée organise également des manifestations appelées « Carte blanche« , dédiées à des artistes contemporains qui viennent exposer leurs oeuvres.

Non seulement les expositions temporaires sont passionnantes, mais en plus il y en a pour tous les goûts. Parmi les expositions qui ont eu lieu, en voici quelques-unes : « Fuji, pays de neige » (2020) avec de nombreuses estampes sur le thème du Mont Fuji, « Angkor, naissance d’un mythe » (2013), « Jade, des empereurs à l’art déco » (2016), « l’Inde, au miroir des photographes » (2019) ou encore « Daimyo, seigneurs de la guerre au Japon ».

Il y a quelques semaines, la nouvelle exposition du musée Guimet intitulée « Des images et des Hommes, Bamiyan 20 ans après » a été inaugurée en ligne. Cette exposition rend hommage aux deux bouddhas de Bamiyan (Afghanistan), qui ont été détuits en 2001 par les talibans.

Cette exposition a l’air incroyable, autant vous dire qu’en cette période de fermeture des musées, j’ai vraiment très envie d’aller voir l’exposition et de déambuler dans les allées du musée Guimet. Surtout que le musée est situé dans un magnifique bâtiment, autant à l’intérieur qu’à l’extérieur, et dans un quartier de Paris assez majestueux. À quelques pas du musée se trouvent les jardins du Trocadéro, d’ailleurs on voit la tour Eiffel depuis le toit du musée (photo ci-dessous)… tous les ingrédients sont réunis pour venir passer un superbe moment au musée Guimet, alors n’hésitez pas à venir ou revenir quand ce sera de nouveau possible.

 

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S’y rendre ?

Le Musée Guimet est situé à quelques minutes à pied des stations de métro Iéna (ligne 9) et Boissière (ligne 6).

 

Horaire et tarif ?

Le musée est ouvert de 10h à 18h et fermé les mardis.
Plein tarif : 11,50€, tarif réduit : 8,50€.

Tout achat de billet inclut une seconde visite dans les 14 jours.

site officiel

 

 


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