Exposition : Bouddha, la légende dorée

Parmi les endroits que j’adore le plus visiter lorsque je suis au Japon, il y a les sanctuaires shintô et les temples bouddhistes. J’avoue avoir un gros faible pour les sanctuaires, notamment parce que j’adore les torii (portails à l’entrée des sanctuaires) et les histoires de kami (dieux shintô), mais ce n’est pas pour autant que je ne suis pas fascinée par les temples.

Ce que j’aime beaucoup dans les temples bouddhistes au Japon, ce sont les nombreuses statues que l’on trouve dans leur enceinte. Que ce soit les nombreux Jizô ou les immenses statues de Bouddha comme celles que l’on peut trouver à Kamakura ou au temple Tôdai-ji de Nara (photos ci-dessous), c’est toujours un plaisir de les admirer.

Par contre, le bouddhisme est beaucoup plus difficile à appréhender que le shintoïsme… il faut dire que c’est une religion/philosophie présente dans de nombreux pays, avec tellement d’approches différentes selon les écoles de pensée qu’on s’y perd facilement. Malgré tout c’est un univers qui m’a toujours fasciné, donc quand j’ai su que le Musée Guimet allait organiser une exposition sur le bouddha historique (différent des deux bouddha ci-dessous que sont Amitabha et Vairochana), j’étais plus que ravie.

J’ai pu me rendre au musée beaucoup plus tôt que je ne le pensais, puisque j’ai été invitée à une soirée privée dans le cadre du lancement de l’exposition. Pouvoir découvrir tous ces objets sur le bouddha historique, tout en écoutant les récits passionnants du commissaire de l’exposition… c’était vraiment génial. Je suis vraiment contente d’avoir eu cette chance et surtout de pouvoir partager tout ça avec vous.

L’exposition « Bouddha, la légende dorée » est vraiment très fournie et couvre de nombreux pans de l’histoire du bouddha historique : vies antérieures, dernière vie qui le conduira à l’éveil, vie d’enseignement… D’autant plus qu’on a la chance de voir différentes représentations de Bouddha, provenant de différents pays et de différentes époques. Il y a de nombreux panneaux explicatifs permettant d’en savoir plus sur les œuvres et sur l’histoire de Bouddha, c’est vraiment super de découvrir tout ça en ayant des objets liés à son histoire devant les yeux.

Il y a de nombreuses œuvres et je ne vais évidemment pas tout montrer dans cet article, le but est de vous donner envie de découvrir cela par vous-même… Je vais juste me contenter de parler un peu de l’histoire du bouddha historique et revenir sur quelques œuvres que j’ai particulièrement adorées, dont une réalisée par un artiste japonais…


Présentation du Bouddha historique


Bouddha est un terme qui désigne les êtres exceptionnels ayant atteint l’éveil, il y en a donc plusieurs. Cette exposition a pour vocation de présenter le bouddha historique, connu sous le nom de Siddhartha Gautama ou encore Shakyamuni, qui est à l’origine de la religion (philosophie, mode de vie…) bouddhiste.

Il aura fallu au bouddha historique 547 naissances ou jataka avant de trouver l’éveil et c’est grâce à tout ce qu’il a pu expérimenter ou voir dans ces vies, qu’il a réussi à l’atteindre. Il a notamment connu les six conditions possibles d’existence : dieu, démon, homme, animal, fantôme affamé et être des enfers, ce qui lui a permis de cultiver les dix perfections suivantes : don, conduite éthique, renoncement, connaissance, énergie, patience, détermination à la vérité, résolution, bienveillance et équanimité (sérénité).

Pour sa dernière naissance, Bouddha a choisi de naître dans la famille princière des Shakya, c’est pour cela qu’on l’appelle aussi Shakyamuni : « le sage des shakya ». Selon les sources, il aurait vécu aux alentours du 6e siècle av. J.-C.

Après la naissance de Bouddha, un sage lui prédit deux destins possibles : monarque universel ou religieux. Comme son père voulait qu’il devienne un grand monarque universel, il décida de l’empêcher de sortir du palais de Kapilavastu pour qu’il ne soit pas confronté à la pauvreté, ce qui aurait pu le faire réfléchir et le conduire à s’engager sur une voie religieuse…

Sauf que Bouddha décida de sortir en cachette 4 nuits, pendant lesquelles il fit 4 rencontres déterminantes : un vieillard, un malade souffrant, un mort lors d’un cortège funéraire et un renonçant religieux. Ces 4 rencontres vont lui faire comprendre que la vieillesse, la maladie et la mort existent et que la richesse ne l’aidera pas à en échapper… il va ainsi décider de s’engager dans une quête spirituelle en quittant le palais et en abandonnant tout signe de richesse.

Dans sa quête spirituelle, il va pratiquer pendant 6 années l’ascèse, une discipline très stricte qui consiste à mortifier son corps et son âme, afin d’obtenir des réponses à ses questions… jusqu’à ce qu’il se rende compte que ce n’est pas la bonne méthode. Il décida alors d’adopter une pratique moins extrême : la méditation, assit sous un arbre. Le démon de la mort Mara, craignant que Bouddha ne parvienne à délivrer les Hommes de la peur de mourir, essaya de l’en empêcher. Bouddha parvint à le combattre, dans son esprit, à plusieurs reprises ce qui le conduira à atteindre l’éveil.

Après son éveil, Bouddha décide d’enseigner le bouddhisme et de répandre son enseignement au plus grand nombre. À l’âge de 80 ans, alors que la mort allait bientôt arriver, il décida de s’éteindre pour ne plus renaître. C’est ce que les bouddhistes appellent la « Grande et complète extinction » mahaparinirvana. Bouddha confia à ses disciples, les arhat (êtres ayant atteint l’éveil), le soin de continuer à répandre le bouddhisme jusqu’à la venue du Bouddha du futur : Maitreya.

 


Sélection de quelques œuvres


Cette oeuvre ci-dessus représente la naissance de Bouddha. Si vous regardez bien la statue, vous remarquerez que Bouddha sort de sa mère, la reine Maya, par le flanc droit.

Après 10 mois de grossesse, durée qui caractérise les êtres extraordinaires, Maya a en effet accouché Bouddha par le flanc droit. La scène eut lieu dans le jardin de Lumbini (Népal) où la reine accoucha debout tout en tenant une branche dans sa main, on dit d’ailleurs que lorsque Bouddha est né, la branche dans sa main s’est recouverte de fleurs. Comme la naissance eut lieu par le flanc droit, la reine Maya mourra sept jours après la naissance de Bouddha.

L’oeuvre ci-dessus représente un épisode qui eut lieu juste après la naissance de Bouddha, lorsque 9 dragons déversent de l’eau sur lui.

À sa naissance, Bouddha fit 7 pas vers le nord, puis se tourna vers les autres points cardinaux tout en pointant une main vers le ciel et l’autre vers la terre, comme pour évaluer l’ensemble de la création sur laquelle allait se répandre sa spiritualité. Puis 9 dragons, parfois deux éléphants ou deux cobras, déversent des jarres d’eau sur le nouveau-né depuis le ciel.

La magnifique oeuvre qui se trouve ci-dessus est une stupa. Il s’agit d’un monument emblématique du Bouddhisme, chargé de contenir les reliques sacrées. Cette stupa date de la dynastie Qing, milieu 18e, on peut voir au centre une petite niche abritant une représentation de Bouddha (on ne voit pas très bien sur cette photo).

Après la mort de Bouddha, les seigneurs des 8 royaumes voisins demandèrent à repartir avec les cendres de Bouddha. Elles furent donc réparties en 8 et chaque seigneur ramena dans son royaume des cendres de Bouddha pour les placer dans une stupa.

Il semblerait que ce soit Bouddha lui-même qui ait décrit comment les stupas devaient être constituées. Il aurait plié ses vêtements, constitués de trois pièces, pour en faire une base à trois niveaux. Au-dessus de cette base, il aurait placé son bol à aumône retourné, puis son bâton de moine mendiant.

L’exposition insiste également sur les différentes gestuelles de Bouddha : mudra. Parmi les différents gestes, on peut citer celui que l’on peut voir sur l’oeuvre ci-dessus (elle est splendide et superbement mise en valeur dans le musée), il s’agit du geste de « prise de la terre à témoin » Bhumispashamudra.

Ce geste fut effectué par Bouddha pour résister aux différentes attaques de Mara, ce qui coïncida avec le début de son éveil. Lorsqu’il effleura le sol de sa main droite, la déesse Terre Sthavara est apparue. Elle témoigna auprès de Mara de tous les mérites acquis par Bouddha lors de ses nombreuses vies… et c’est ainsi que Bouddha vaincu Mara et atteint l’éveil.

L’oeuvre qui se trouve ci-dessus a été réalisée par un célèbre céramiste japonais du nom de Takahiro Kondo. Cette oeuvre magnifique, que j’ai particulièrement adorée, est une métaphore de l’ascèse, discipline qui consiste à mortifier son corps et son âme jusqu’à ressentir l’apaisement.

Cette oeuvre récemment acquise par le Musée, date de 2016 et rend hommage aux victimes du tremblement de terre et du tsunami de 2011. Cette sculpture de porcelaine est moulée à partir du corps de l’artiste et a été réduite d’environ 20 % de sa taille lors de la cuisson.

Voilà pour cette présentation de l’exposition « Bouddha, la légende dorée« , j’espère vous avoir donné envie d’aller voir cette formidable exposition. C’est l’occasion rêvée d’en apprendre plus sur le bouddha historique, de voir des magnifiques œuvres réunies au même endroit et aussi de s’apercevoir à quel point le bouddhisme est présent dans le monde asiatique (et pas que…).

Je vous quitte avec une photo prise depuis le toit du Musée Guimet, n’hésitez pas à me dire si cette exposition vous intéresse 🙂


Mémo


Du 19 juin au 04 novembre 2019

S’y rendre ?

Le Musée Guimet est situé à quelques minutes à pied des stations de métro Iéna (ligne 9) et Boissière (ligne 6)

Horaire et tarif ?

Le musée est ouvert de 10h à 18h et fermé les mardi.

Plein tarif : 11,50€,  tarif réduit : 8,50€

Tout achat de billet inclut une seconde visite dans les 14 jours

site officiel

 


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