Exposition : « Champollion, la voie des Hiéroglyphes » au musée du Louvre-Lens

Après la superbe exposition ROME consacrée à l’Empire romain, nous voilà de retour au Louvre-Lens pour l’exposition Champollion – La voie des Hiéroglyphes, qui se tient jusqu’au 16 janvier 2023 (prolongée jusqu’au 23 janvier 2023).

Cette exposition n’a pas lieu cette année par hasard, puisque 2022 marque le bicentenaire du déchiffrement des hiéroglyphes par Jean-François Champollion. C’est donc le moment idéal pour revenir sur cet événement incroyable qui marqua le début de l’égyptologie en tant que discipline. L’exposition, qui regroupe pour l’occasion plus de 350 objets, est d’une richesse incroyable, avec une scénographie toujours aussi magnifique !

 

 

Qui est Jean-François Champollion ?

Jean-François Champollion (1790-1832) est considéré, et ce à juste titre, comme le précurseur de l’égyptologie. Ce génie des langues a réussi en 1822 à déchiffrer les hiéroglyphes, une écriture dont la lecture et le sens avaient été oubliés de tous depuis des centaines d’années. Champollion se passionne pour les langues orientales depuis qu’il est tout jeune. Passion qu’il peut assouvir grâce à son frère aîné Jacques-Joseph qui l’aide (et qui l’aidera jusqu’au bout) en lui fournissant des ouvrages, mais aussi une aide financière et un accès à un réseau de personnes importantes. À Paris, Champollion étudiera au Collège de France le persan, l’hébreu, le syriaque, le chaldéen ou encore le copte.

À seulement 19 ans, il devient professeur d’histoire ancienne (Grenoble), puis bibliothécaire adjoint aux côtés de son frère. Les deux frères se passionnent très vite pour l’Égypte. Jean-François Champollion va réussir à obtenir une copie de la Pierre de Rosette, trouvée en 1799 pendant la campagne d’Égypte de Napoléon (1798-1801), et va entreprendre de déchiffrer les hiéroglyphes. La Pierre de Rosette est une découverte primordiale car elle contient un même texte rédigé en trois écritures différentes : en hiéroglyphes, en grec et en démotique. La pierre fut confisquée par les Anglais, suite à la défaite de la France lors de la bataille de Canope, et envoyée à Londres où elle se trouve toujours (British Museum).

 

 

Champollion n’est pas le seul à travailler sur le déchiffrement des hiéroglyphes. Un certain physicien anglais du nom de Thomas Young va même parvenir à déchiffrer plusieurs hiéroglyphes, en s’intéressant en particulier à la version démotique du texte. Mais celui qui va réussir à comprendre le fonctionnement des hiéroglyphes c’est bel et bien Jean-François Champollion. On retient le plus souvent la date du 22 septembre 1822, puisque c’est à cette date qu’il rédige une lettre à Bon-Joseph Dacier, membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, pour lui apprendre qu’il a déchiffré la Pierre de Rosette. Les hiéroglyphes ne sont pas juste des idéogrammes, c’est-à-dire des caractères exprimant une idée, comme beaucoup le pensaient. Ce sont également des phonogrammes, c’est-à-dire qu’ils expriment aussi un son. En 1824, il publie son Précis du système hiéroglyphique des anciens Égyptiens, qui permettra aux futurs égyptologues de lire les hiéroglyphes inscrits sur les façades des temples et autres monuments/objets datant de l’Égypte antique.

C’est grâce à la version grecque du texte, combinée à ses connaissances parfaites de la langue copte, que Champollion arrive à traduire en entier le texte écrit en hiéroglyphes sur la Pierre de Rosette. Le copte est la langue parlée par les Égyptiens convertis au christianisme sous l’empire Romain, puis par les chrétiens d’Égypte lorsque la langue officielle du pays deviendra l’arabe (Xe siècle). Le copte est dérivé du démotique, une des trois anciennes écritures égyptiennes : les hiéroglyphes (temples, stèles…), le hiératique (écriture simplifiée des hiéroglyphes utilisée par les prêtres) et le démotique (pour les textes du quotidien).

 

 

L’exposition dédiée à Champollion est divisée en quatre parties principales, qui reprennent les thèmes des œuvres peintes sur les plafonds des salles égyptiennes du Louvre : L’expédition d’Égypte sous les ordres de Bonaparte; l’étude et le génie dévoilent l’antique Égypte à la Grèce; l’Égypte sauvée par Joseph et Charles X faisant don de son musée. Ces œuvres symbolisent parfaitement les principales étapes dans la transmission de l’histoire de l’Égypte antique au monde.

L’égyptologie avant Champollion

Avant, pour connaître l’Égypte antique il fallait se référer à deux sources principales : les textes écrits par les auteurs grecs et la Bible. Les Grecs ont très vite été fascinés par les Égyptiens et des auteurs comme Strabon, Hérodote ou encore Diodore de Sicile ont consacré des ouvrages à cette civilisation. Ce sont des sources très précieuses, mais contenant tout de même des erreurs chronologiques, ainsi que des erreurs de lecture des hiéroglyphes. Par exemple les colosses de Memnon (toujours appelés ainsi) portent ce nom car les auteurs grecs pensaient qu’ils étaient dédiés à Memnon, le roi éthiopien et neveu de Priam, qui apparaît dans l’épisode de la guerre de Troie… alors qu’en réalité ils sont à l’effigie du pharaon Amenhotep III, le père d’Akhenaton.

Cette fascination pour l’Égypte fut ensuite transmise aux Romains. Ces derniers ont conquis l’Égypte qui fut intégré à leur immense Empire. Ils ont ramené de nombreux monuments, notamment des obélisques, et ont également importé des cultes égyptiens, comme celui de la déesse Isis. Le culte d’Isis était très important pour les Romains et comme on peut le voir sur les statues présentes dans l’exposition, Isis est souvent représentée dans un style assez différent des représentations égyptiennes classiques. On peut également voir l’influence de l’Égypte dans le buste d’Antinoüs, un favori de l’Empereur romain Hadrien, représenté sous les traits d’un pharaon.

 

 

Quant à la Bible, le texte fondateur de la religion chrétienne, il mentionne un épisode important et très connu se déroulant en Égypte : l’exode des Hébreux. Il y est fait mention de la fille de Pharaon (pas de nom) qui recueillit Moïse, un enfant hébreu abandonné à la naissance par sa mère pour le sauver du massacre de tous les bébés hébreux commandité par Pharaon. Une fois adulte, Moïse libère son peuple de l’esclavage, grâce aux dix plaies, et franchit la mer Rouge dans le but de les conduire en pays de Canaan.

Champollion et sa découverte sur les hiéroglyphes inquiètent beaucoup l’Église, qui a peur que les inscriptions sur les temples ne remettent en cause la chronologie biblique. Finalement, une des premières confirmations qui purent être faites grâce à Champollion ira dans le sens de l’Église, puisqu’il confirme que le Zodiaque de Dendérah, un bas-relief à l’effigie des constellations et de la voûte céleste, ne peut pas être antérieur au déluge…

L’expédition d’Égypte

Le but principal de l’expédition d’Égypte (1798-1801) est militaire : Bonaparte veut couper la route des Indes aux Anglais en s’emparant de l’Égypte. Il emmène néanmoins avec lui 167 artistes, scientifiques ou encore historiens qui auront pour but d’en apprendre davantage sur ce pays qui fascine l’Occident depuis si longtemps, mais aussi d’amener avec eux les acquis « des Lumières » et de la Révolution. À l’issue de cette expédition sera publiée, à partir de 1809, la Description de l’Égypte, un ensemble de 23 volumes consacrés aux découvertes faites en Égypte. Les nombreuses informations et illustrations contenues dans ces ouvrages ont relancé la fascination envers l’Égypte antique, notamment auprès des milieux artistiques (égyptomanie).

 

 

Le musée égyptien du Louvre

Champollion en déchiffrant les hiéroglyphes va donner au monde le pouvoir de percer les mystères qui se cachent derrière cette grande civilisation. Il ne va pas s’arrêter là et va faire en sorte de permettre à tous de pouvoir admirer les objets égyptiens, qui jusqu’ici ne pouvaient être observés que par le biais de cabinets et collections privés. Il insiste alors pour qu’il y ait un musée qui puisse accueillir ces objets et donner aux visiteurs des explications claires à leur propos.

C’est ainsi que le 15 mai 1826 Charles X, par une ordonnance royale, décide de créer une section égyptienne au musée du Louvre dont Champollion sera le conservateur. Quatre salles sont ainsi consacrées à l’art égyptien (d’où les quatre plafonds). Champollion va également convaincre le roi de faire l’acquisition de collections privées et va ramener des objets de son voyage en Égypte lors de l’expédition franco-toscane qui a lieu de juillet 1828 à décembre 1829. C’est aussi lors de ce voyage qu’il va permettre à la France de ramener le magnifique obélisque du temple de Louxor, qui se trouve toujours sur la place de la Concorde à Paris.

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 L’exposition proposée par le Louvre-Lens rend parfaitement hommage à cet événement et ce personnage si importants pour tous les passionnés d’Égypte antique ! Si vous pouvez y aller, n’hésitez même pas une seule seconde !

 

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Du 28 septembre 2022 au 16 janvier 2023 (prolongée jusqu’au 23 janvier 2023)

 

Accès ?

Le musée du Louvre-Lens est accessible depuis la gare de Lens en 25 minutes à pied (chemin piéton). Il est aussi possible d’y aller en bus : depuis la gare de Lens, prendre la Bulle 1 et descendre à l’arrêt « Parc Louvre-Lens« . Pour ceux qui viennent en voiture, il y a des parkings à proximité.

Tarif et horaires ?

Le musée est ouvert du mercredi au lundi (fermé le mardi) de 10h à 18h.

La Galerie du temps est gratuite. Les expositions temporaires coûtent 12€ (5€ pour les 18-25 ans).

Site officiel du Louvre-Lens

 


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