Les temples et sanctuaires du Parc Ueno

Le Parc Ueno est un immense espace vert, très populaire, situé au nord-est de Tokyo. Il y a beaucoup de choses à faire et à voir dans le parc,dont de nombreux temples et sanctuaires à voir !

L’histoire du Parc Ueno est liée au shôgun Tokugawa Iemitsu (1603-1651), il décida en 1625 de fonder sur les hauteurs de Ueno (Ueno 上野 : les Kanji signifient en Haut et Plaine, on pourrait donc traduire Ueno par “la plaine en hauteur”) le temple Kanei-ji 寛永寺 afin de protéger le château d’Edo (palais impérial de Tokyo).

Le temple a été construit sur le modèle du temple Enryaku-ji 延暦寺 : un temple surplombant Kyôto d’un côté et le lac Biwa 琵琶湖 de l’autre. L’étang de Shinobazu que l’on trouve au parc Ueno avait pour mission de représenter le lac Biwa.

Ce temple était au cœur d’un immense complexe composé de plusieurs bâtiments disposés de part et d’autre du parc. Il appartenait à l’école Tendai et était dédié à la famille Tokugawa, d’ailleurs six shôgun Tokugawa y sont enterrés. Le temple Kanei-ji fut malheureusement victime d’un incendie pendant la guerre de Boshin 戊辰戦争 (3 janvier 1868-18 mai 1869), opposant les alliés de l’empereur à ceux du Shôgun (qui fut renversé avec la restauration de Meiji).

Les restes de l’enceinte du temple furent reconvertis en ce magnifique parc qui ouvrit au public en 1873. On peut encore trouver la pagode à cinq étages du temple Kanei-ji (dans le zoo de Ueno) et le bâtiment principal.

J’aime beaucoup le quartier de Ueno, surtout les alentours de la gare JR Ueno, que je trouve très photogénique. Il y a plusieurs stations aux alentours du parc et lors de notre première visite, on est descendu par la gare Keisei-Ueno, qui donne juste en face de l’entrée du parc. D’ailleurs, dès la sortie deux pandas adorables blanc et vert, le vert étant fait de plantes, nous attendaient (photo ci-dessus).

 

À l’intérieur du parc, on trouve des monuments commémorant la guerre de Boshin. Par exemple, il y a un tombeau dédié aux soldats du Shôgitai, le corps d’élite du shogunat Tokugawa. Ces soldats sont morts lors de l’affrontement avec les partisans de l’empereur. On trouve aussi une statue de Saigo Takamori et de son chien. Saigo Takamori est un samouraï japonais, très célèbre, né à Kagoshima (1828-1877). Comme il était un fervent opposant au shogunat des Tokugawa il fut exilé avant de revenir quelques années plus tard pour mener les troupes impériales lors de la guerre de Boshin. La vague de modernisation accompagnant l’ère Meiji (1868-1912) a mis fin au système des samouraï.

Saigo Takamori s’y opposa et démissionna pour rentrer à Kagoshima où il fonda une école privée. Cette école sera à l’origine d’un mouvement d’indépendance et d’opposition à l’empereur : la “rebellion de Satsuma”. Pendant les affrontements avec l’armée impériale, Saigo Takamori sera blessé et décidera de pratiquer le seppuku (suicide rituel), cette mort emblématique des samouraï qui lui vaudra le surnom de “dernier samouraï”.

On trouve donc séparées de quelques mètres seulement, la statue de Saigo Takamori, défenseur de l’empereur pendant la guerre de Boshin, et la tombe des soldats du Shôgitai, défenseurs du shogunat Tokugawa… chose plutôt rare et qui mérite d’être soulignée.

Le chemin nous amène ensuite près du temple Kiyomizu Kannon-dô 清水観音堂. Il date de 1632 et faisait également partie de l’immense enceinte du Kanei-ji. Le nom de Kiyomizu vous évoque sûrement le temple Kiyomizu-dera de Kyoto… et c’est tout à fait normal, puisque le Kiyomizu Kannon-dô de Ueno, avec sa terrasse moins impressionnante, a pour modèle le Kiyomizu-dera de Kyoto. Comme son nom l’indique, le Kiyomizu-kannon-dô est dédié à la déesse de la miséricorde Kannon.

Devant la terrasse du temple il y a un arbre en forme de cercle, il s’agit du Tsuki no matsu 月の松 “pin de la lune”. Ce cercle parfait fut façonné par un artisan de l’époque Edo et placé devant le Kiyomizu Kannon-dô à la demande du prêtre qui a fondé le Kanei-ji. Ce cercle représente la pleine lune, symbole de bonne fortune. Le “pin de la lune” fut endommagé lors d’une tempête à la fin de l’ère Edo et fut restauré en 2012. On peut d’ailleurs voir le Benten-dô depuis la plateforme du temple à travers.

 

 

En descendant les escaliers du Kiyomizu Kannon-dô, on trouve une petite île artificielle abritant le Benten-dô, ou le Shinobazunoike Bentendô de son vrai nom. La petite île est entourée par l’étang de Shinobazu où il est possible d’admirer de nombreux lotus et roseaux. L’étang est divisé en trois parties : une partie avec des lotus, dont la floraison a lieu de Juillet à Août (entre 7h et 9h du matin); une autre appelée “l’étang aux canards” avec pas mal d’animaux; et une dernière partie où l’on trouve des pédalos/barques à louer afin de faire un tour sur l’étang pendant une certaine durée.

Avant d’aller au Benten-dô, on a profité des échoppes de nourriture (yatai) disposées le long de l’allée. Je ne sais pas si elles sont présentes toute l’année, mais en septembre elles y étaient et c’est super agréable de faire une pause pendant sa balade et de manger des brochettes, des saucisses, des Yakisoba ou des Takoyaki (les Takoyaki c’est la vie !).

 

Le Benten-dô est un temple octogonal datant de 1650 (reconstruit en 1958) dédié à Benzaiten 弁財天 qui est la divinité, entre autres, du savoir, de l’éloquence, de la musique, de la prospérité… elle fait aussi partie des sept divinités du bonheur (七福神 Shichi Fukujin). Son instrument de musique préféré est le biwa, c’est pour ça que vous en verrez un devant le Benten-dô.

Sur le côté du Benten-dô, on trouve des petits monuments plutôt surprenants comme le monument aux lunettes (photo ci-dessous), le monument en mémoire du Fugu (ce fameux poisson, qui, s’il est mal préparé, peut être mortel), il y en a aussi un pour les couteaux de cuisine… bref, il faut poser le regard partout au parc Ueno si on ne veut rien louper.

 

 

Notre balade se poursuit avec la découverte de deux petits sanctuaires adorables, situés l’un à côté de l’autre, dont je ne connaissais absolument pas l’existence : les sanctuaires Hanazono Inari-jinja et Gôjôten-jinja.

Le Hanazono-Inari-jinja est dédié à Inari d’où l’allée de torii et la statue d’Inari (statue qui viendrait du temple Kanei-ji) typiques des sanctuaires dédiés à Inari comme au Fushimi-inari-taisha de Kyôto. On accède à ces deux sanctuaires en descendant un escalier à travers l’allée de torii (photo ci-dessus) ce qui ne manque pas de charme. Si on ne connait pas vraiment de quand il date, on sait que Tokugawa Iemitsu est à l’origine de sa reconstruction car il aurait reçu en rêve un message lui disant de le reconstruire. Le sanctuaire, reconstruit en 1873, fut placé à côté du Gojôten.

L’enceinte des deux sanctuaires est vraiment très jolie, surtout avec toute cette verdure environnante… j’ai vraiment beaucoup aimé la balade. En plus, c’est au Gôjôten-jinja que j’ai acheté mon premier Goshuin-chô : carnet de calligraphies (Photo ci-dessous) et je le trouve magnifique.

Maintenant que j’ai mon beau Goshuin-chô (toute contente), c’est parti pour le sanctuaire Ueno Tôshô-gû. Mais avant d’arriver à destination, on a croisé quelques jolies choses sur notre route, comme par exemple une cloche… On peut facilement passer à côté sans la voir, mais cette cloche est un peu spéciale (Photo ci-dessous). Cette cloche date en fait de l’époque d’Edo, et servait à informer la population de l’heure qu’il était… Plusieurs cloches comme celle-là étaient disposées à différents endroits de la ville. Ces cloches sonnaient tous les jours à 6h, 12h et 18h. La cloche du parc Ueno fut installée en 1666 (celle-ci est “plus récente” puisqu’elle date de 1787).

Sur le chemin, on a également croisé la route d’un… totem (Photo ci-dessous). Le totem qui représente différents animaux du zoo de Ueno qui est juste à côté, appartient aux membres du Tokyo Ueno Lions Clubs (Lions Clubs : Club service international de bénévoles), on peut d’ailleurs voir leur logo tout en haut accompagné du lion. Ce totem, qui mesure 7 mètres n’a pas une histoire très importante mais ça surprend de voir ça en plein parc Ueno… ce parc est définitivement plein de surprise.

Mais l’endroit qui m’a le plus surpris, c’est le Daibutsu Yama “montagne du Grand Bouddha” (Photo ci-dessous). Sur une petite colline se trouve une petite pagode et un visage de bouddha (en bronze) encadré. Ce visage est ce qu’il reste de l’ancien bouddha assis qui trônait, sur la même colline, à l’époque d’Edo. Pour être plus précise, il y a eu deux Bouddha à cet emplacement, lepremier fut construit en 1631 et mesurait 2,8 mètres, il fut malheureusement détruit en 1647 par un tremblement de terre.

Un second fut reconstruit, encore plus grand : 3,6 mètres de hauteur, mais lors du tremblement de terre du Kantô de 1923, le visage tomba. Le reste du corps fut fondu lors de la seconde guerre mondiale afin de récupérer le métal pour l’armement. En 1967  un mur fut construit sur la colline afin d’y mettre la tête du Bouddha qui restait du second Bouddha.

 

 

 

 

Nous voici enfin devant le Ueno Tôshôgû qui fut construit en 1627 à la mémoire de Tokugawa Ieyasu (1542-1616) 3e et dernier unificateur du Japon et fondateur du shogunat des Tokugawa qui perdurera jusqu’à la restauration de Meiji (1868). Par la suite, le sanctuaire sera aussi dédié à Yoshimune et Yoshinobu (Tous deux des shôgun Tokugawa). Le sanctuaire fut construit à l’endroit où se trouvait la résidence de Ieyasu. Le sanctuaire fut reconstruit en 1651 par Tokugawa Iemitsu, petit fils d’Ieyasu. Le sanctuaire est de style Gongen (Gongen-zukuri 権現造), comme le Tôshôgu de Nikkô et le Nezu-jinja de Tokyo.

Chose assez rare pour être souligné, la structure du sanctuaire est la même depuis l’époque et a donc réussi à résister aux tremblements de terre et à la guerre, c’est d’ailleurs pour cette raison que ce sanctuaire est aussi réputé : pour son côté vestige de l’époque d’Edo.

Pour voir le bâtiment principal du sanctuaire, de couleur noir et or, qui se cache derrière la jolie porte dorée, il faut payer 500¥ (Ouvert de 9h à 16h30 d’octobre à février et de 9h à 17h30 de mars à septembre). On s’est contenté de se balader dans l’enceinte du sanctuaire, qui est très fournie, et qui possède des éléments vraiment très intéressants. D’ailleurs beaucoup de ces éléments ont été déclarés “Biens culturels importants” (échelon en dessous des trésors nationaux).

Tout d’abord, la porte d’entrée qui mène à l’enceinte du sanctuaire est vraiment très jolie. Elle est toute en bois et laisse entrevoir une longue allée bordée de lanternes. Comme vous pouvez le voir sur la 3e photo ci-dessous, l’intérieur de la porte est très jolie avec toute ces décorations. Une fois la porte passée, il ne vous reste plus qu’à marcher sur la longue et magnifique allée bordée de lanternes, c’est vraiment très mystique. Sur le côté, vous apercevrez l’ancienne pagode du temple Kanei-ji qui se trouve dans le zoo de Ueno. 

 

 

 

 

 

Une fois dans l’enceinte du sanctuaire, vous remarquerez la grande porte dorée, appelée Karamon, qui garde le bâtiment principal du sanctuaire. Cette porte fut construite dans un style chinois en 1651, de chaque côté de la porte on peut voir un dragon, (le dragon ascendant et le dragon descendant) car selon la légende chaque soir deux dragons se rendent à l’étang de Shinobazu afin d’y boire son eau.

Face à cette magnifique porte, on peut également noter la présence de 48 lanternes en bronze, magnifiques et très bien alignées (Photo ci-dessous) ainsi que la présence d’un joli mur coloré “Sukibei”, dans le prolongement de la porte dorée, qui entoure le bâtiment principal du sanctuaire. Il y a également un jardin payant (700¥ ou 1100¥ en combinant avec l’entrée au sanctuaire), ouvert seulement du 1er janvier au 25 février (De 9h30 à 16h30) connu pour ses pivoines blanches.

Dans l’enceinte du Tôshô-gû, on trouve également la “Flamme d’Hiroshima et Nagasaki”. On l’appelle comme cela car elle combine une flamme provenant des incendies provoqués par la bombe atomique d’Hiroshima, conservée par Tatsuo Yamamoto, avec une flamme provenant du frottement de tuiles cassées des toits de Nagasaki suite au choc de la seconde bombe atomique. Tatsuo Yamamoto avait ramené cette flamme d’Hiroshima où il avait été chercher son oncle à la suite du bombardement, son magasin était malheureusement en feu… il décida d’allumer une sorte de flambeau avec le feu et de le ramener chez lui en souvenir de son oncle. Quelques années plus tard l’histoire fut découverte, son village (Hoshino-mura) décida alors d’en faire un symbole de paix et construisit un endroit spécial pour la conserver en 1968.

Cette flamme fut fusionnée en 1988 afin d’être présentée à l’Assemblée générale de l’ONU lors d’une session sur le désarmement à New York. Puis, elle fut entreposée dans l’enceinte du Ueno Tôshô-gû où elle est censée brûler pour l’éternité en hommage aux victimes des deux bombes atomiques. Je vous avoue que sur la photo la flamme a l’air éteinte… mais ça m’étonnerait quand même.

Cette balade au parc Ueno s’achève pour nous avec la visite du sanctuaire Ueno Tôshô-gû. Mine de rien, on a passé une journée plutôt fatigante (mais tellement parfaite) du coup on décide de rentrer.

 


Mémo


 

S’y rendre ?

Le parc est accessible depuis la gare JR Ueno qui fait partie de la ligne circulaire de Tokyo : la Yamanote, mais l’est également depuis la gare Keisei Ueno.


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Balade Ueno 02 pinterest



2 thoughts on “

Les temples et sanctuaires du Parc Ueno

  • Très sympa cet article, notamment la partie sur les alignements de lanternes que je ne connaissais pas du tout. pour moi, le parc Ueno se limitait à des pédalos en forme de cygnes, à des sakuras et à beaucoup trop de monde pour les admirer ^^ ! Mais je dois dire que ton article m’a fait changer de regard sur le parc et m’a redonné envie de m’y balader à une période sans les sakuras pour mieux profiter des lieux.

    • Si tu l’as visité pendant les Sakura, je comprends parfaitement que tu ais une autre vision du parc… ça doit être un enfer pendant les Sakura (même si j’aimerais bien y retourner pendant cette période). Oui, je te conseille vraiment d’y retourner en dehors des Sakura, la balade est vraiment très agréable 🙂

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