Quelles divinités étaient vénérées sous la Rome antique ?

Temple de Saturne sur le Forum antique

 

Le terme « Rome antique » sert à désigner la grande civilisation qui se développa pendant l’Antiquité autour de la ville de Rome, dans un premier temps dans la région du Latium, avant de s’étendre en un immense empire.

D’un point de vue religieux les Romains sont connus pour avoir adopté bon nombre de divinités étrangères : Mithra, Cybèle, Isis ou encore le panthéon des divinités grecques. Pourtant, les divinités purement romaines existent bel et bien comme nous allons le voir ensemble.

 

 

La fondation mythique de Rome

Comme bon nombre de cités antiques, Rome aussi a droit à son mythe fondateur ! Rome fut fondée par Romulus. Avec son frère jumeau Rémus, ils sont les enfants de la vestale (prêtresse de Vesta) Rhéa Silvia, fille de Numitor (roi d’Albe-la-Longue) et de Mars, le dieu de la guerre romain. Amulius, l’oncle de Rhéa Silvia, s’empara du trône et décida de tuer Rémus et Romulus à la naissance, en les faisant jeter dans les eaux du Tibre, afin qu’ils ne puissent pas réclamer le trône.

Finalement les jumeaux furent déposés dans un panier qui s’échoua sur le rivage où ils furent nourris par une louve, avant d’être recueillis par un berger et sa femme. Une fois adultes, ils apprirent ce qui s’était passé et décidèrent de tuer Amulius pour placer à nouveau leur grand-père sur le trône d’Albe-la-longue.

Ils décidèrent également de construire une ville à l’endroit où se trouvait la grotte de la louve qui les avait nourri, mais eurent un violent désaccord au moment de choisir l’endroit exact où serait fondée la future Rome. En observant les oiseaux depuis le mont Aventin, Rémus aperçut en premier 6 oiseaux, mais Romulus en aperçut ensuite 12 depuis le Palatin, chacun décida alors de rester sur sa propre colline. Romulus interdit même à quiconque de venir sur ses frontières, ce que fit pourtant Rémus avant d’être tué par son frère jumeau. Romulus devint ainsi le premier roi de Rome. 

L’historien Tite-Live (de -64 à 17) évoquait déjà à l’époque le fait que l’histoire de la louve puisse avoir en fait une autre signification. Louve se dit « lupa » en latin, tout comme le mot prostituée, il se pourrait donc que la personne qui se soit occupée des jumeaux soit en réalité l’épouse du berger qui les a recueilli, car elle était une prostituée. Le fait d’observer les auspices en attendant un signe des oiseaux, les messagers du dieu Jupiter, était un rite populaire chez les Étrusques (civilisation du centre de l’Italie, actuelle Toscane), qui fut ensuite adopté par les Romains. L’interprétation des auspices par les Augures (prêtres) était très souvent pratiquée dans la Rome antique.

 

 

Bien avant la naissance des jumeaux, il existe un autre mythe qui explique la fondation d’Albe-la-longue par le Troyen Énée. Fils d’Aphrodite, Énée dut s’enfuir de Troie après sa chute en -1184 avec son fils Ascagne et son père qu’il porta sur son dos. Après plusieurs péripéties, Énée et son groupe arrivèrent en Italie où il épousa Lavinia, la fille du roi local. Ascagne, le fils d’Énée, fonda la ville d’Albe-la-longue où naîtront les jumeaux Rémus et Romulus, qui seraient d’ailleurs leurs descendants.

L’histoire de Rome fut marquée ici et là par des interventions divines. Par exemple les Dioscures sont intervenus en faveur des Romains lors de la bataille du lac Régille contre les Rois étrusques. « Dioscures », c’est le nom que l’on donne aux jumeaux grecs Castor et Pollux, dont seul Pollux est le fils de Zeus. Castor est quant à lui le fils de Tyndare, le roi de Sparte.

 

Les divinités romaines

L’histoire de certaines des divinités que l’on va évoquer a été grandement influencée par la mythologie grecque, mais il s’agit tout de même de divinités romaines, ou tout du moins issues des différents peuples qui ont composé la ville à ses débuts (Sabins, Latins…).

La divinité la plus importante du Panthéon romain est Jupiter, associée à la divinité grecque Zeus. Il y a très peu de mythes le concernant, mais les auspices envoyés sous forme d’oiseaux étaient ses messagers, c’est donc Jupiter qui est à l’origine de l’endroit choisi pour établir la ville de Rome. Les auspices seront utilisés pour quantité d’autres choses, notamment avant chaque bataille. 

 

Saturne et les Saturnales

Saturne est un dieu romain qui finira par être associé au titan grec Cronos, le père des dieux de l’Olympe (Zeus, Poséidon, Héra…). Selon la légende, après avoir été vaincu par son fils Jupiter (Zeus) Saturne s’enfuit en Italie, dans la région du Latium, où il fut accueilli par le dieu Janus. Les deux s’associèrent alors pour gouverner les habitants de la région. Leur règne fut considéré comme un véritable âge d’or pendant lequel la société était totalement égalitaire et où tous les biens étaient en commun car il n’y avait aucun vol…

C’est cet aspect égalitaire qui était fêté lors des Saturnales à Rome. Les Saturnales sont une fête pendant laquelle il n’y avait plus de barrières sociales, c’est-à-dire que les esclaves étaient libres et qu’ils pouvaient s’exprimer librement. Elles avaient lieu pendant la semaine du solstice d’hiver, en décembre. Il y avait pour l’occasion des repas organisés ou encore des échanges de cadeaux, avec des figurines offertes aux enfants. Saturne est un dieu que l’on vénère essentiellement lors des Saturnales, le reste de l’année sa statue est entourée de bandelettes !

Saturne avait son propre temple situé sur le forum, c’est là qu’était également entreposé l’aerarium : le trésor public. Le temple de Saturne fut choisi pour abriter le trésor puisque sous son règne il n’y avait aucun vol. Saturne eut un fils, appelé Picus, qui épousa la fille de Janus, Canens. Lavinia, une de leurs descendantes épousera Énée et donnera ainsi naissance à la lignée des rois latins.

 

 

La divinité Janus, qui a accueilli Saturne, est le dieu des portes et des portails. Il est souvent représenté avec deux visages. Il avait lui aussi son temple sur le Forum, le temple de Janus Geminius, dont les portes avaient pour particularité de toujours rester ouvertes tant qu’il resterait un Romain en guerre, loin de sa ville. Elles devaient être capable d’accueillir en permanence les soldats lorsqu’ils pouvaient enfin rentrer chez eux. Inutile de préciser qu’au cours de l’histoire de Rome, les portes ne furent fermées que très rarement…

 

Quirinus

Parmi les dieux typiquement romains on trouve aussi Quirinus, qui n’est autre que la version divinisée de Romulus, le fondateur de Rome. Il personnifiait même de façon plus large les citoyens romains. Selon la légende, après sa mort, dont on ne connaît pas réellement la cause, Romulus disparut dans un orage, enlevé par son père Mars. Il est ensuite apparu auprès d’un soldat romain en rêve pour lui signifier qu’il voulait être adoré sous le nom de Quirinus. Par la suite, de nombreux empereurs romains seront eux aussi divinisés et auront le droit à un culte.

On ne connaît pas bien l’origine du dieu Quirinus, certains pensent qu’il s’agissait de la divinité de la guerre du peuple Sabin, peuple qui s’allia à Romulus et ses hommes lors de la création de Rome… Ce que l’on sait, c’est qu’avec Jupiter et Mars, il faisait partie de la triade précapitoline. Cette triade fut vénérée jusqu’à la période républicaine et fut ensuite remplacée par la triade capitoline : Minerve, Jupiter et Junon. On ne trouvait des temples dédiés à Quirinus que dans Rome, pas ailleurs. Il vivait au mont Quirinal et avait droit à sa fête, la fête des Quirinalia, le 17 février. Des offrandes étaient alors offertes à Quirinus devant son temple situé sur le mont Quirinal.

 

Faunus

On peut aussi parler de Faunus, le dieu protecteur des troupeaux et des bergers, également associé à la fécondité (associé à Pan par la suite). Son culte était localisé sur le Palatin. Lors des fêtes dédiées à Faunus, les Lupercales (13-15 février), douze hommes étaient choisis, les luperques, et ils parcouraient la ville de Rome pour fouetter les femmes avec des lanières en peau de bouc, dans le but de les rendre fertile. Les Lupercales ont duré pendant très longtemps, jusqu’en 496 alors que les cultes païens avaient déjà été déclarés illégaux en 380…

 

Mars

Mars est la divinité de la guerre romaine. Assimilé au dieu grec Arès, Mars est pourtant perçu très différemment par les Romains, qui le vénèrent avec grand respect. Arès, dans la mythologie grecque, n’est pas très aimé, même de ses parents Zeus et Héra… Avant l’empereur Auguste, aucun temple de Mars ne pouvait être construit à l’intérieur de la ville de Rome, car la paix devait y régner. Mars avait droit à ses fêtes aussi, les Equiria (courses de chevaux) au mois de mars pour ouvrir la « saison des guerres » et l’October Equus (sacrifice d’un cheval victorieux lors d’une course de chars) au mois d’octobre pour la terminer.

 

Vulcain

Vulcain, assimilé au dieu grec Héphaïstos, était le dieu romain du feu. On le vénérait principalement pour qu’il empêche tout incendie dans les villes. Avant de devenir une divinité romaine, Vulcain était un dieu étrusque. Vulcain vivait sous l’Etna et avait lui aussi droit à sa fête, les Vulcanales qui avaient lieu pendant 8 jours à partir du 23 août. Les Vulcanales avaient pour but de célébrer la fin des grosses chaleurs de l’été.

 

 

 

Les prêtres

La plupart des divinités romaines avaient droit à leurs propres prêtres et/ou prêtresses. Par exemple il existait 15 flamines, des prêtres attitrés à une divinité en particulier, facilement reconnaissables grâce à leur bonnet conique avec une partie pointue. Il y en avait trois principaux : le flamen dialis dédié à Jupiter, le flamen martial dédié à Mars et le flamen Quirinal dédié à Quirinus, soit les membres de la triade précapitoline. Ces trois membres étaient nommés à vie et avaient pour interdiction de quitter la ville, entre autres interdits et lourdes obligations. Les 12 autres étaient dédiés à des divinités secondaires comme Vulcain, voire très anciennes comme par exemple Portunus (protecteur des ports).

Il existait aussi deux collèges de prêtres Saliens, composés de 12 prêtres chacun : un collège associé à Mars et un autre à Quirinal. C’est le roi Numa Pompilius qui créa le premier collège dédié à Mars, pour protéger 12 boucliers sacrés. Un jour, un bouclier tomba du ciel devant lui, avec une voix lui disant que tant qu’il n’arriverait rien au bouclier, Rome serait prospère. Numa Pompilius en créa alors 11 autres et nomma 12 prêtres pour les protéger. Les Saliens portaient ces boucliers lors de cérémonies dédiées à Mars, en dansant à travers la ville. Il existait aussi à Rome un collège pontifical, composé de plusieurs pontifes, qui s’occupait de gérer tout ce qui avait trait, de près ou de loin, à la vie religieuse de la ville.

 

Les Lares, les Pénates et les Génies

Au sein d’un foyer romain on trouvait plusieurs divinités, dont principalement les Lares et les Pénates. Ces différentes divinités sont connues sous le nom de Numina.

Les Lares sont des petites statuettes, souvent à l’effigie d’un jeune homme portant une corne d’abondance. Ils représentaient l’esprit des ancêtres du lieu où ils étaient placés et ne devaient pas être déplacés. On pense que cette tradition viendrait des Étrusques. Les Lares que l’on trouvait dans les foyers étaient appelés « Lares domestiques », car on trouvait aussi des « Lares publics » positionnés sur les carrefours ou encore les places.

Les Pénates sont quant à eux les divinités des provisions. On en trouvait généralement deux par foyer : un pour la boisson et un pour la nourriture. Les Pénates étaient propres à chaque famille et les suivaient s’ils déménageaient, contrairement aux Lares. Aussi, contrairement aux Lares, les Pénates ne protégeaient pas les esclaves, seulement les membres libres de la société. Les Pénates seraient originaires de Troie et furent importés en Italie par Énée lorsqu’il s’est enfui de la ville après sa chute.

On pouvait également trouver une autre divinité, connue sous le nom de Génie. Il s’agit une divinité plus spécifique, consacrée uniquement au maître de maison. Le Génie avait l’apparence d’un serpent.

Ces différentes divinités étaient entreposées sur un autel appelé laraire.

 

Vesta, la divinité du foyer romain

Tout comme les Lares et les Pénates, on trouvait dans chaque ville un temple dédié à la divinité romaine du foyer. Bien qu’assimilée par la suite à la divinité grecque Hestia, Vesta est bien une déesse romaine. D’ailleurs la mère des jumeaux Romulus et Rémus était une vestale, une prêtresse de Vesta.

On trouvait sur le forum un temple dédié à Vesta, car c’est ici que se trouvait le foyer des Romains. Les vestales prenaient la fonction très jeunes, entre 6 et 10 ans, et devaient l’assumer pendant 30 années. Elles étaient chargées de garder le feu de Vesta constamment allumé. On trouvait aussi dans le temple de Vesta, les Pénates du peuple romain.

Le temple de Vesta sur le forum contiendrait le Palladium, une statue sacrée de Pallas (amie d’enfance d’Athéna) réalisée par Athéna suite à sa mort, qui était à l’origine détenue par la cité de Troie et emmenée par Énée. Le culte de Vesta avait aussi ses festivités : les Vestalia qui se déroulaient du 7 au 16 juin. Selon la légende, c’est Numa Pompilius, le fils de Romulus, qui institua le culte à Vesta à Rome. Les temples dédiés à Vesta sont facilement reconnaissables, grâce à leur forme circulaire.

 

 

Quelques cultes importés 

Avec les différentes et nombreuses conquêtes romaines, des divinités étrangères sont entrées dans le quotidien des Romains. Par exemple le culte de Mithra, originaire de Perse, est devenu extrêmement populaire chez les soldats romains aux environs du 3e siècle. Mithra est à l’origine le dieu des serments et des contrats, mais chez les Romains il est devenu un culte secret. Essentiellement transmis par voie orale, d’initié à initié, on sait très peu de choses sur son culte, on sait néanmoins que les épreuves initiatiques comprenaient le sacrifice d’un taureau, animal associé à la fertilité.

Parmi les cultes plutôt inattendus, on peut citer celui d’Héraclès, plus connu sous son nom romain d’Hercule. Son culte était très populaire auprès des commerçants romains, car il était vénéré comme protecteur du commerce de l’olive et des bovins. Hercule, pour un de ses 12 travaux, dut voler les bœufs de Géryon (en Espagne). Sur le chemin du retour Hercule fit une pause près de Rome, lorsque Cacus, le fils de Vulcain, l’aperçut. Ce dernier était un géant qui vomissait des tourbillons de flammes et terrorisait la région… Cacus profita du fait qu’Hercule soit endormi pour lui voler 8 de ses bœufs, mais Hercule fut réveillé par les autres bœufs et retrouva Cacus très vite. Il se saisit alors de sa massue, fabriquée en bois d’olivier, et se débarrassa du géant.

Le temple d’hercule Olivarius (ou Temple d’Hercule Victor) lui fut consacré sur le Forum Boarium, le lieu le plus important du commerce, notamment de bovins, sous l’antiquité à Rome. Le temple fut offert par un riche marchand d’huile d’olive, nommé Marcus Octavius.

Priape est un dieu assez méconnu, associé à la végétation et aux jardins. À cause de sa laideur, il était commun de placer des statues à son effigie, tels des épouvantails, dans l’enceinte de son domaine afin de le protéger. Priape est souvent représenté avec un énorme phallus, il est donc aussi associé à la fécondité. Fils de Dionysos et d’Aphrodite, qui l’abandonna à cause de sa laideur, il fut recueilli par des bergers. Sa particularité physique a inspiré bon nombre de poèmes humoristiques appelés « priapées »

Tous ces différents cultes ont été officiellement interdits en 380, lorsque le christianisme est devenu la religion officielle de l’Empire romain.

 

 

Voilà pour cet article présentant un échantillon des divinités vénérées par les Romains. Cet article sert d’introduction à notre futur ebook qui s’intitulera « Voyager sur les traces de la Rome antique ».

 

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